« En route pour manger bio ». Rencontre avec Bernadette Nozarian

Bernadette Nozarian est une incorrigible gourmande passionnée par les langues et les mots. Elle conjugue ces deux centres d’intérêt en étudiant les pratiques alimentaires. Auteur du nouvel ouvrage « En route pour manger bio », elle a accepté de répondre à nos questions sur l’alimentation bio.

Bernadette Nozarian, parlez-nous de votre parcours professionnel ?

Un parcours en forme de triangle : un côté pour étudier et réfléchir qui correspond à une activité de recherche universitaire, un côté pour transmettre et recevoir en retour qui correspond à une activité de formation et un côté pour digérer et synthétiser tout cela qui correspond à l’écriture. J’ai absolument besoin de pratiquer les trois en même temps.

C’est la suite d’un parcours universitaire pluridisciplinaire, axé sur les langues, l’ethnologie, l’anthropologie, la linguistique, essentiellement à l’INALCO – Institut National des Langues Civilisations Orientales – , à l’EHESS – Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – et à l’étranger, en Hongrie et en ex-RDA.

Vous avez sorti récemment un livre électronique qui s’intitule « En route pour manger bio », pourquoi avoir choisi le format électronique ?

Ce format électronique est volontaire car il permet de consulter instantanément la multitude de liens présentés. Cela permet une lecture très dynamique et constamment actualisée.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cet ouvrage ? Quels sont ses objectifs, que peut-on y trouver … ?

C’est un ouvrage très informatif. Les lecteurs y trouvent de l’information sur la cuisson, des écoles alimentaires, des aliments – algues, aliments lacto-fermentés, huiles essentielles, hydrolats…, les moyens de s’approvisionner, des associations, des idées de lecture, l’alimentation bio en collectivité, l’évolution de l’agriculture. Mais c’est aussi une réflexion sur le contenu de nos assiettes. Manger n’est pas seulement se nourrir. Nos gestes ont une portée éthique dont nous sommes responsables. Ils influencent notre devenir à tous. Et manger tout particulièrement. C’est ce que ce livre essaie de mettre en évidence.

A qui s’adresse-t-il ?

Il s’adresse au grand public, aux personnes désireuses de changer leur alimentation mais qui ne savent pas comment s’y prendre.

Néanmoins, j’espère que ceux qui consomment déjà du bio auront aussi plaisir à le lire, à découvrir des idées, des manières de faire et le travail d’associations qu’ils ne connaissaient pas.

Une question revient souvent lorsque l’on parle de Bio, est-il possible aujourd’hui de consommer bio, sans se ruiner ?

Oui, c’est tout à fait possible. Lorsque l’on parle du coût du bio, on oublie souvent de parler du coût supporté par la collectivité des produits non bio, comme par exemple la dépollution de l’eau.

On oublie aussi de comparer des aliments réellement comparables. Les aliments bio rassasient davantage et sont consommés une moindre quantité.

Et est-ce que l’on trouve facilement des produits bio ?

Oui, il existe des enseignes spécialisées qui couvrent une large partie du territoire. Des producteurs pratiquent la vente directe. Et en réponse à l’engouement des consommateurs, la grande distribution se positionne de plus en plus sur ce secteur.

Quels sont les principaux bienfaits de l’alimentation bio ?

Le premier est peut-être de ne pas ingérer des pesticides, des additifs alimentaires et autres substances peu appétissantes dont les effets sur l’organisme ne semblent guère positifs.

Les autres bienfaits sont « collatéraux » si je peux dire. Contribuer à la préservation de la planète et à la bio – diversité, car les producteurs bio cultivent souvent d’anciennes variétés de fruits et de légumes, adaptées à leur écosystème.

Dans votre ouvrage vous abordez également la notion de commerce équitable et de développement durable. En mangeant bio, devient-on un consommateur responsable ?

Disons que c’est un premier pas, mais qu’il n’est pas suffisant d’acheter une baguette bio pour se dédouaner du reste de son comportement et faire de l’autosatisfaction. Acheter saisonnier et bio sans réfléchir à son mode de vie, son utilisation de la voiture, son gaspillage habituel, c’est un peu stérile.

Quelles sont vos priorités et objectifs pour les prochaines années ?

Contribuer à mon échelle à la prise de conscience actuelle des répercussions de notre comportement sur l’ensemble de la planète. Je ne pense pas uniquement à des problèmes de pollution. La souffrance des animaux d’élevage et tout aussi intolérable que la malnutrition.

Dans une société aussi uniformisatrice que l’est la société française, il me semble encore plus important d’avoir accès à des informations « différentes et minoritaires ». Et parfois, des préoccupations minoritaires deviennent majoritaires.

J’ai aussi pour objectif de finaliser un certain nombre de travaux en cours, en tout premier lieu un livre sur l’école à la maison, pratique légale en France, mais menacée par des esprits obscurantistes, un dictionnaire gastronomique bilingue hongrois – français qui a pour ambition de présenter la culture hongroise par le biais de sa gastronomie. Mais aussi d’étoffer la collection de guides bio de Dessillages et m’impliquer toujours davantage dans la revue que j’ai récemment co-fondée, Families & Food Ezine, publiée à Los Angeles.

En conclusion, je dirais que le plus important pour moi est la diversité des cultures et des pratiques. Une société purement mercantile, dans laquelle tout se ressemble, déresponsabilise et vide les individus. Néanmoins, il me semble qu’un sursaut se profile. Simplicité volontaire et décroissance sont des idées qui séduisent. Soins, beauté et alimentation se conjuguent petit à petit sur un autre mode. Une partie de la population a envie d’une vie avec d’autres valeurs. La circulation de l’information est absolument nécessaire afin que chacun fasse ses choix en toute connaissance de cause, mais en respectant aussi les autres qui l’entourent.

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