Jan Polak est médecin et enseigne depuis 20 ans une thérapie manuelle appelée Brachy-Myothérapie ou Myothérapie. Suite à la récente sortie de son livre « Guérir des Migraines et autres maux de tête », la rédaction de Sensation-bio a souhaité en savoir plus sur ces migraines qui « empoisonnent » la vie de nombreuses personnes.
Bonjour Jan Polak, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
J’ai appris l’acupuncture avant d’avoir fini mes études de médecine. J’ai donc d’abord pratiqué exclusivement cette thérapeutique, sans prescrire de médicaments, sauf homéopathiques.
Cependant les patients qui n’étaient pas guéris par cette approche ne la rendaient pas entièrement satisfaisante.
J’ai donc mis au point la Brachy-Myothérapie afin de pouvoir répondre à cette demande. Cette méthode permet de traiter directement et de façon douce les contractures musculaires dont l’expérience montre qu’elles sont à la base de la plupart des douleurs articulaires, ainsi que de nombreux autres troubles, dont les migraines. Et contrairement à ce qui se fait d’habitude, le Myothérapeute va mettre les muscles concernés dans une position de raccourcissement passif, au lieu de les étirer.
Cette approche a donc progressivement remplacé l’acupuncture dans ma pratique quotidienne, ce qui m’a poussé à la proposer aux autres médecins, ainsi qu’aux kinésithérapeutes.
Vous êtes président de la Société Internationale de Myothérapie, pouvez-vous nous en dire plus ?
La S.I.M. regroupe un certain nombre de mes élèves Myothérapeutes, qui font régulièrement des stages de mise à jour et de perfectionnement. C’est une association à but non lucratif qui publie une revue destinée à ses membres, et qui donne les coordonnées d’un Myothérapeute proche à ceux qui en font la demande (tel. 05 62 66 77 88), en France, ainsi qu’en Belgique et bientôt en Suisse. Elle a un site internet : www.myotherapie.org.
Vous avez récemment publié un livre intitulé « Guérir des Migraines et autres maux de tête » (Éditions Quintessence), à qui s’adresse-t-il ?
Aux migraineux, bien sûr… ainsi qu’à ceux qui les soignent.
En effet, si l’on dispose actuellement de nombreuses études pointues sur tel ou tel aspect de la migraine, aucune théorie d’ensemble n’est proposée jusqu’à présent : de ce fait les traitements médicamenteux actuels sont purement symptomatiques, non dénués d’effets secondaires parfois graves, et ne peuvent en aucun cas éviter que les crises ne se reproduisent, sauf à les prendre de façon continue, ce que la majorité des migraineux se refuse de faire. Or on peut maintenant proposer une approche du traitement de la migraine toute différente et autrement plus satisfaisante.
Pourriez-vous définir la notion de migraine ?
Au sens propre la migraine est une hémicrânie, c’est-à-dire une douleur de la moitié du crâne, droite ou gauche. On a cependant souvent tendance à utiliser ce terme pour tous les maux de tête, ce qui est inexact, même si fondamentalement cela ne change rien pour nous quant au mécanisme et au traitement.
Maux de tête et migraine sont-ils synonymes ?
Ces deux termes ne sont donc pas synonymes : on distingue en fait plusieurs sortes de maux de tête, dont principalement les migraines, les céphalées globales (dites ‘de tension’, sous-entendu musculaire) et les Algies Vasculaires de la Face, les plus douloureuses mais les moins fréquentes. Il y a aussi les névralgies d’Arnold.
Quels sont les symptômes ?
En cas de Migraine, il y a douleurs de la moitié du crâne (qui peuvent parfois se propager dans un 2e temps à tout le crâne) par crises de quelques heures à quelques jours, en général accompagnées de nausées, et d’intolérance au bruit et à la lumière, crises qui sont précédées chez 20% des malades de signes visuels à type d’éclairs ou de lumières (c’est ce qu’on appelle l’aura). Ces crises souvent très handicapantes, obligeant à s’isoler, donc à cesser le travail, concerneraient en France plus de 4 millions de personnes. Elles ont tendance à se répéter régulièrement, plusieurs fois par mois ou par semaine.
Les Céphalées de Tension ne sont pas très différentes, sauf que les douleurs touchent tout le crâne, ou une partie non latéralisée, la nuque par exemple. Elles peuvent être tout aussi douloureuses que les migraines, avec lesquelles elles sont d’ailleurs souvent alternées.
Quant aux Algies Vasculaires de la Face, elles se répètent chaque année sur une période de deux mois environ ; le patient ressent alors par salves de violentes douleurs derrière et autour d’un œil. C’est une des maladies les plus douloureuses qui soient. Ici aussi le patient peut présenter entre les crises des migraines ou des céphalées plus ou moins globales.
Enfin les névralgies d’Arnold se présentent comme une douleur plus ou moins linéaire qui part d’un côté de la nuque jusqu’au front du même côté.
En pratique on constate des contractures musculaires au niveau du cou dans ces 4 variétés de maux de tête, contractures qui sont la cause première du processus douloureux, et que la Myothérapie peut traiter, traitant ainsi la maladie et évitant les nouvelles crises.
A quoi cela est-il dû, et cela se soigne-t-il ?
Il ne faudra pas confondre la cause et les facteurs déclenchants, comme cela se fait trop souvent.
En résumé, la théorie est la suivante : des contractures musculaires en général anciennes, elles-même dues à un choc physique important, ralentissent par moments le drainage du sang veineux intracrânien, aboutissant à un ralentissement de la vascularisation du cerveau, qui ainsi ne reçoit plus assez d’oxygène. Le corps réagit automatiquement à cette menace en apportant plus de sang artériel, riche en oxygène. Or comme l’évacuation du sang du crâne est ralentie, ceci aboutit à une hypertension intracrânienne uni- ou bilatérale, dont le symptôme principal est la douleur.
Cette théorie est compatible avec toutes les observations scientifiques fractionnées publiées sur la migraine.
Le grand intérêt de cette théorie est qu’il permet pour la première fois un véritable traitement de fond, qui consiste à ne s’attaquer qu’au premier maillon du processus, la contracture musculaire cervicale.
Si cela est fait, les facteurs déclenchants, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, n’ont plus rien à déclencher, puisque le vase est vide. Il peut s’agir de facteurs alimentaires comme l’alcool ou le chocolat, ou des modifications hormonales comme celles qui précèdent les règles (d’où la fréquence plus importante des migraines chez les femmes que chez les hommes – la cause profonde n’est pas plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, mais au lieu de rester latentes bon nombre de migraines se manifestent lors de ce puissant facteur déclenchant), des positions de sommeil qui étirent anormalement les muscles, le stress ou la fatigue, etc. S’ils manifestent un trouble latent, ils n’en sont néanmoins pas la cause : seule la contracture l’est. Prendre les facteurs déclenchants pour des causes ne permet pas de traitement de fond des migraines, traitement pourtant souvent si simple quand on traite directement la cause première musculaire.
Quelles solutions proposez-vous dans votre livre ?
Nous proposons ici pour la première fois une conception globale du mécanisme de la migraine, confirmée par une étude faite sur près de 300 patients, dont 75 % ont cessé de faire des migraines sans plus prendre aucun médicament (sans compter ceux qui n’en font plus que très rarement).
Un recul moyen de 13 ans confirme la stabilité des résultats. Il faut signaler qu’une étude sur autant de cas avec un tel recul est rare.
Elle permet d’aboutir au seul traitement existant actuellement qui fasse cesser définitivement la plupart des migraines, en ne traitant que les contractures qui sont à la source du mécanisme de la maladie par Brachy-Myothérapie.
A qui s’adresser lorsque l’on souffre de migraines ?
Comme nous l’avons mentionné, si l’on veut être traité par Myothérapie, il suffit de téléphoner à la Société Internationale de Myothérapie pour trouver un thérapeute compétent plus ou moins proche de chez soi (tel: 05 62 66 77 88).
Les migraines sont-elles dangereuses ?
Bien que souvent très douloureuses et handicapantes, les migraines ne sont pas vraiment dangereuses ; seuls les effets secondaires des traitements médicamenteux pourraient l’être.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes souffrant de migraines et/ou maux de tête ?
Vous ne serez pas surpris si je leur dis : ne restez pas avec cette maladie, faites vous soigner par Myothérapie, vous aurez toutes les chances d’en être débarrassé(e) durablement.
Quelles sont vos priorités et objectifs pour les prochaines années ?
Nous espérons publier nos résultats dans les revues spécialisées dans les migraines, afin de pouvoir informer les thérapeutes et les malades que guérir des migraines est désormais possible.
Un petit mot pour conclure ?
Nous avons pu, mes élèves et moi, montrer qu’il existe maintenant un traitement qui guérit la plupart des migraines, sans rechute à l’arrêt de traitement. Nous souhaitons que l’information circule le mieux possible, et je vous remercie d’y avoir participé.
C’est aussi pour cela que nous avons créé le site http://migraine.myotherapie.free.fr.